J’ai réinstallé l’application Instagram il y a quelques jours. Je ne tenais pas forcément à me déconnecter totalement mais depuis que notre fille est née – vous êtes déjà au courant si vous nous suivez sur Instagram – j’ai eu un problème auquel de nombreux nouveaux parents font face : je prenais tellement de photos que je n’avais tout simplement plus d’espace sur mon téléphone !
Depuis, j’ai trouvé une nouvelle technique mais à l’époque, je tenais à garder toutes les photos que je prenais d’elle chaque jour.
J’ai donc commencé par supprimer les photos plus vieilles, puis les conversations WhatsApp, puis les applications dont je n’avais plus besoin.
Mais plus je prenais des photos, moins j’avais d’espace. Et moins j’avais d’espace, plus je supprimais tout ce que je pouvais de mon téléphone pour libérer de l’espace de stockage.
Assez rapidement, je me suis retrouvée avec une seule application : Instagram.
C’est à ce moment là où je me suis sérieusement demandée :
Pourquoi ne pas carrément désinstaller Instagram ?
Que peut-il bien se passer quand on n’est plus sur les réseaux ?
Après tout, que pouvait-il se passer pendant que j’allaite ou change de couche ? Que pouvais-je rater lors d’une consultation chez le pédiatre ?
Plutôt que de me l’imaginer, je me suis dit qu’il n’y avait pas meilleur moment pour le faire : j’ai donc supprimé mon compte pro Metodo et perso.
On savait qu’une pause était nécessaire : on ne voulait surtout pas passer à côté de l’opportunité de nous occuper de notre fille et d’être là pour elle à 100%. Tous les deux, sans distraction, sans stress, sans penser au travail, aux réseaux et à tout ce que ça comporte.
De retour à mon bureau après plus de deux mois : voici ce que j’ai retenu de mon digital detox et de mon nouveau rythme de parent freelance.
FOMO : la peur de ne pas en être
Malgré ça, même si j’avais très envie d’une pause et que je la trouvais nécessaire, l’idée de m’éloigner du monde en ligne qu’on s’était créé m’angoissait.
Cette angoisse porte en réalité un nom : la FOMO, acronyme de fear of missing out, la peur de rater, de manquer, de ne pas être là où tout le monde est.
C’est parce qu’on on ne peut pas tout faire, ni être partout à la fois et c’est précisément ce qui fait qu’on se demande parfois : vais-je rater quelque chose si je ne vais pas à ce dîner, cet événement ou ce verre qu’on m’a proposé ? Et ceux qui vont y aller ? Ils vont peut-être créer des liens et s’amuser alors que je ne serai pas là !
Cette sensation sévit bien évidemment en ligne sous forme d’angoisse : celle qui nous retient face à nos écrans pour lire une énième notification, regarder une autre vidéo ou vérifier le taux d’ouverture de nos emails.
Je me sentais coupable
Pourquoi quitter Instagram et abandonner tout ce qu’on a construit maintenant ?
Nous qui avions un rythme de publication, une routine, des personnes avec qui on dialoguait au quotidien, on avait même encore pleins de projets à lancer !
On sait pertinemment que dans le monde particulier des réseaux sociaux où tout va très vite, il faut très peu de temps pour oublier quelqu’un.
Certes on a planifié une pause tout en sachant en réalité qu’on ne pouvait pas se le permettre. Mais on en avait besoin et c’est ce qui compte le plus à nos yeux.
Vivre sans réseaux sociaux : ce que j’ai appris
J’ai tiré quelques leçons de cette période sans réseaux sociaux.
C’est plus dur qu’on pense
Avant de commencer je pensais que le plus dur aurait été de combattre la tentation de télécharger l’application tous les jours.
Je me suis bien trompée.
En réalité, supprimer une application et se tenir à ne plus y retourner n’est pas difficile. Ce qui l’est, c’est ce qui suit :
Le piège de la substitution
Je me suis vite rendu compte que je remplissais le (peu) temps que j’avais avec une autre activité d’internet similaire.
Par exemple, au lieu de me tenir à ce qui était prévu – ni poster, ni utiliser Instagram – j’envoyais une photo à des amis, j’écrivais à ma famille sur WhatsApp, je lisais mes emails ou j’allais sur YouTube.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
J’avais quitté une application pour me réfugier dans une autre, comme on prendrait des médicaments de substitution pour se sevrer d’une drogue.
Digital detox : ce que je retiendrai
En réalité on n’est jamais vraiment déconnecté. Ce ne sont pas les vidéos sur TikTok qui créent des dépendances aux réseaux.
Ce qui crée l’addiction, c’est ce qu’on y recherche : l’approbation des autres, le lien social, des belles relations ou une antidote à l’ennui.
On n’est jamais vraiment déconnecté
Donc, avant de parler de digital detox ou de sobriété numérique – on en avait parlé longuement dans cet article – on devrait déjà commencer par réfléchir sur les raisons qui nous poussent à déverrouiller notre téléphone autant de fois par jour.
Il ne s’agit plus tant de savoir comment le web et les nouvelles technologies peuvent nous aider mais de se demander au contraire comment on peut les gérer au quotidien pour que ça soit nous qui les contrôlions et non le contraire.
C’est notre responsabilité de s’auto-discipliner
Le web les réseaux et leurs codes nous sont tombés dessus sans instructions, sans notice, sans avertissement.
C’est notre responsabilité à tous de trouver les moyens, le temps et les endroits pour s’auto discipliner pour ne jamais laisser les technologies prendre le dessus sur l’humain.
Plus on se cachera derrière les technologies, plus on aura tendance à laisser les personnes en second plan.
Ce que je continuerai de faire :
4 méthodes pour mieux vivre avec les écrans
Sans forcément aller jusqu’à l’abstinence totale des réseaux sociaux et vous isoler complètement des autres, voici quelques astuces pour retrouver du temps pour vous et reprendre un peu le dessus :
La méthode Retour vers le futur
Cessez les lectures passives
Si vous avez connu le temps des encyclopédies, rappelez-vous de la manière dont on cherchait l’info : on faisait une recherche active, on lisait le passage qu’on était venu chercher, on apprenait et c’est grâce à ça qu’on découvrait d’autres informations ou qu’on approfondissait un sujet.
L’idée est de vous comporter de la même manière en ligne. Revenez à l’ancienne et lisez uniquement le contenu que vous avez activement recherché, allez chercher ce dont vous avez besoin et mémorisez ce que vous avez appris.
Achetez un réveil
Ça vous permet de ne pas apporter votre téléphone dans votre chambre. De cette manière, vous n’êtes ni tenté de l’utiliser la veille, dans votre lit, juste avant de vous coucher, ni de le regarder dès les premières minutes qui suivent votre réveil.
Si vous voulez pousser le truc un peu plus loin, cette approche s’adapte aussi pour tout ce qui est existait déjà avant les écrans : la montre, l’agenda, le carnet de notes, etc.
Supprimez les distractions
Laissez votre téléphone loin de votre espace de travail. À proximité, vous serez tenté de l’allumer toutes les 5 minutes comme le font beaucoup de personnes, à en croire les statistiques.
Pour ne pas succomber à cette tentation, éloignez-vous tout simplement de votre mobile quand vous travaillez.
La méthode Couvre-feu
iPhone
Utilisez la fonctionnalité Temps d’écran pour connaître le temps que vous passez sur vos apps mais aussi et surtout pour définir des limites d’utilisation et votre téléphone vous bloquera automatiquement l’accès. C’est on ne peut plus efficace.
Une option dans les réglages permet de limiter le temps passé dessus, soit à l’aide d’une alarme qui se déclenche au bout d’un temps que vous pouvez définir, soit grâce au mode muet qui désactive toutes les notifications push.
Éliminez les contacts inutiles des réseaux sociaux
Que ce soit quelqu’un en particulier ou un business ou un groupe sur fb, éliminez tout ce qui génère de l’anxiété ou qui ne vous représente plus, dégagez-le de votre quotidien car tout ce qui est toxique ne vous aide pas.
La méthode réapprentissage
Réutilisez votre mémoire
Quand vous essayez de vous souvenir de quelque chose, ne dégainez pas tout de suite votre téléphone. Essayez d’abord d’utiliser votre mémoire.
On a tendance à se servir de notre téléphone et de nos ordis pour externaliser notre mémoire. C’est peut-être pratique car on n’est plus obligé de se souvenir de tout mais c’est dangereux car one fait plus l’effort de réfléchir, de se souvenir ou de confronter nos idées avec d’autres.
Efforcez-vous, avant de reccourrir à internet, essayez d’abord de vous rappeler seul d’une information.
Réapprenez à vous ennuyer
On a déjà parlé à quel point la phase d’ennui est importante pour la créativité. En étant sollicité h24 par les notifications de nos téléphones, on oublie à quel point c’est utile de se laisser le temps d’aller voir ailleurs, d’être curieux, de s’évader.
Remarquez, ça vaut aussi pour les enfants envers qui il est tout aussi important de préserver des moments de solitude.
La méthode JOMO
Plutôt que de se laisser angoisser par la FOMO (fear of missing out), cette sensation de peur de rater quelque chose dont on a parlé plus haut, on peut très bien s’efforcer à vivre l’inverse, c’est à dire faire de la JOMO, pour “joy of missing out”.
La joie de manquer, de faire moins, de se déconnecter sans se sentir coupable, de respirer un peu, de se laisser le droit de NE PAS être là.
La JOMO n’est pas de la paresse, c’est arriver à se suffire.
Les gens sur leur lit de mort ne regrettent pas de ne pas être allé à tel afterwork, d’avoir raté telle soirée ou de ne pas avoir vu la dernière vidéo virale de Facebook.
Ce qu’ils regrettent, c’est de ne pas avoir passé plus de temps avec leur famille, de ne pas s’être donné les moyens d’atteindre leur rêve, de ne pas s’être écouté davantage.
Servons-nous de ces anecdotes pour se créer de bons souvenirs, pour être fier d’avoir créé ou accompli telles ou telles choses.
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Comment être créatif sur commande ?
La recherche du parfait équilibre
Cette pause des réseaux m’a fait réaliser que j’avais oublié la joie de passer du temps avec moi-même.
Ça m’a permis de prendre du recul sur ma propre vie et mon propre travail.
Réfléchir et prendre du recul
Ça permet d’être plus détaché, d’être plus objectif.
Ce détachement permet de comprendre une chose essentielle : ce n’est pas le nombre d’heures travaillées qui font de vous le professionnel que vous êtes.
C’est peut-être tout le contraire.
Faire une pause pour travailler mieux
Si vous vous donnez les moyens d’écouter ce qui vous plait, si vous construisez autour de vous un environnement de travail sain et agréable, à partir duquel vous pouvez facilement faire des pauses quand vous en avez besoin, alors vous travaillerez mieux.
Trouvez votre rythme
Ce n’est pas la course pour être le meilleur qui permet de mieux travailler.
C’est la recherche d’un rythme équilibré entre pause et travail, entre jeu et but, entre vie privé et vie publique.
C’est en tout cas tout ce qu’on vous souhaite.
Donnez-vous les moyens de trouver votre rythme, respectez-le, faites-en une habitude. C’est aussi notre propre souhait.
Ce qu’on va faire désormais
Avec l’arrivée de notre fille, de la pandémie, des confinements, on a décidé de cesser les prestations, devenues trop risquées, pour nous concentrer uniquement sur la formation en ligne.
Vente de formations en ligne
Désormais, on créera des cours à destination des petits business qu’on mettra à disposition sur notre site.
Parce que nos vies ont changé et visiblement, ça n’a pas l’air de s’arranger.
On savait que nos vies changeraient, on savait qu’on ne contrôlerait plus notre temps comme avant alors il fallait trouver un système qui corresponde à notre réalité : enseigner ce qu’on sait faire, expliquer ce qui nous a servi pour aider les autres, pouvoir être flexible dans la gestion du temps, pouvoir choisir lequel des deux travaille pendant que l’autre s’occupe de notre fille malade par exemple.
Ce nouveau modèle ne sera pas forcément plus facile. On ne gagnera pas d’argent en buvant des mojitos sur la plage, comme certains formateurs en ligne ont pu le laisser penser.
Cours en ligne sur Metodo.fr
Les cours seront écrits, filmés, promus. Notre site sera conçu, développé, entretenu pour héberger nos formations.
On sait que ce sera beaucoup de travail.
Mais ce sera un travail moins rigide, plus adapté à l’imprévisibilité de notre quotidien, plus en adéquation avec les décisions de dernière minute.
C’est un travail qui correspond à nos exigences et non un travail qui nous impose de nous adapter aux siennes.
Car on veut respecter la réalité de notre vie telle qu’elle est maintenant – peu de temps à disposition, beaucoup d’inattendu et de fatigue accumulée – et non comme on la souhaiterait ou l’idéaliserait.
Quand tout sera redevenu un peu plus calme, ça devrait nous permettre de lever la tête et de voir par dessus les écrans.