Nouvel Eldorado des entreprises et tout nouveau défi du 21 siècle : l’utilisation et la protection des données des utilisateurs sur le web déchaînent les passions, inspirent les plus créatifs et profitent aux malhonnêtes.
Les données d’utilisateurs, du cauchemar au génie
Une formidable enquête du New York Times alarme sur la surveillance des données personnelles en ligne et notamment de l’usage qui en est fait par certaines entreprises privées auxquelles nous avons finalement donné le droit, sans trop poser de questions…de nous espionner.
“1984”, c’était de la fiction. Bienvenue en 2019…dans le monde réel
Approché par un lanceur d’alerte travaillant pour l’une de ces entreprises, les journalistes ont épluché sur un fichier contenant 50 milliards de données correspondant aux activités de 12 millions d’américains sur plusieurs mois.
Ce que révèlent les données ?
Tout ce que ces américains fichés ont pu faire 24h24 mais aussi et surtout, la possibilité de les identifier individuellement !
Le New York Times a réussi, sans grand effort disent les journalistes, à identifier un fonctionnaire assermenté du ministère de la défense ayant participé à une manifestation contre Donald Trump !
Tout ça grâce aux données des smartphones des manifestants.
Ils sont aussi parvenus sans problème à savoir qui a rendu visite à Johnny Depp ou qui a passé une nuit au manoir Playboy !
Ces révélations alertent surtout sur nos propres comportements et la quantité de traces que nous laissons sur le web sans même en avoir conscience.
Si ces mouchards ont pris place dans nos quotidiens, c’est pour la bonne et simple raison…que nous les avons autorisés à le faire en acceptant – sans les lire – les conditions d’utilisation des divers services qu’on utilise.
Est-ce de l’ignorance de notre part ? De la servitude volontaire ?
En tout cas, cette enquête est un pas de plus vers la prise de conscience nécessaire pour nous inciter à reprendre le contrôle sur nos données personnelles et ce que nous faisons sur internet.
Femtech : les mauvais élèves
Dans le même esprit, cette vidéo du Guardian met le doigt sur les pratiques de la femtech – le secteur traitant de la santé et de la fertilité des femmes – qui, au lieu de se servir intelligemment des données préfèrent les vendre directement aux entreprises productrices de produits de beauté.
Du coup, durant leur cycle menstruel par exemple, beaucoup de femmes se retrouvent face à des publicités extrêmement ciblées fabriquées selon les informations qu’elles ont elles-mêmes laissé sur ces applis.
Le Wrapped de Spotify : l’usage parfait des données ?
Pour terminer la décennie en beauté, Spotify a créé une version spéciale de son récapitulatif annuel, le #spotifywrapped en proposant à ses utilisateurs leur bilan musical des dix dernières années.
Sans l’ombre d’un doute, l’idée a cartonné, chacun publiant son top ten sur Instagram, Snapchat et Twitter – 60 millions d’utilisateurs en une semaine.
D’ailleurs, Spotify pourrait-il devenir lui-même un réseau social ?
Certes Spotify utilise ces données pour cibler leur publicité mais derrière cette initiative, l’application a surtout donné aux utilisateurs un moyen d’exprimer leur identité.
Sur le plan marketing, il est intéressant de parvenir à convaincre ses utilisateurs de s’impliquer, de partager et de signaler aux autres qui ils sont et ce qui les importe le plus dans la vie.
C’est précisément ce que permet Wrapped de Spotify.
Signaler nos goûts musicaux aux autres et leur faire voir un peu de notre personnalité, de notre quotidien.
Qui se souvient de l’époque du lycée où on écrivait avec fierté le nom de ses groupes de musique préférés sur les sacs à dos ?
S’identifier entre connaisseurs ou revendiquer sa personnalité à travers son propre univers musical, l’intention est la même.
Sauf qu’au lieu d’écrire sur les sacs Eastpack, on partage désormais carrément son top ten sur Instagram.
Les données pour décarboner la société ?
Quand l’excellente application Yuka se sert des données pour qu’on puisse scanner avec notre téléphone les produits des grandes surfaces pour mesurer leur composition – et s’éviter d’acheter des produits cancérigènes pour nous et nos enfants – l’appli Carbo utilise le même principe pour mesurer (et réduire) notre empreinte carbone.
On le voit, ce ne sont pas les informations dont on manque mais la manière dont on pourrait les utiliser pour comprendre les enjeux du monde et agir pour changer les choses.
En ce sens, la gamification des données à peut-être son rôle à jouer, à l’image d’une application pour faire du sport ou pour arrêter de fumer nous récompensant de trophées à chaque étape franchie et nous permettant de s’auto-évaluer de manière simple et ludique.
C’est ce que font les français de chez Blablacar – dont Maël est ambassadeur.💪
Ils n’ont pas hésité à notifier les utilisateurs leur bilan 2019 : les kilomètres partagés entre co-voitureurs, le million de tonnes de CO2 qui n’aura pas été rejeté, etc.
Sans manquer de les coller à l’actu en suggérant d’en parler lors des fêtes de Noël ou en soulignant aux conducteurs qu’ils peuvent aider des milliers de personnes dont le déplacement est perturbé à cause des grèves du moment.